Le dirigeant français débute le mercredi 5 avril un séjour officiel de quatre jours sur le sol chinois. Les échanges porteront essentiellement sur les relations économiques et davantage sur la question ukrainienne. L’ambition est de restreindre l’attrait chinois pour soutenir davantage Vladimir Poutine.
« Nous pensons qu’il est possible de les dissuader d’aller plus loin, pour ne pas qu’ils se rapprochent trop de la Russie », a affirmé un diplomate français. En d’autres termes, il faut faire comprendre à la Chine qu’elle ne doit pas franchir la limite en fournissant des armes à Moscou. « On a des raisons sérieuses de croire que la Chine pourrait être tentée de fournir des armes à la Russie », ajoute le diplomate français, « il faut donc leur faire comprendre que ce serait, je cite, ‘une décision désastreuse' ».
Lors de son récent voyage à Moscou, Xi Jinping s’est montré très proche de Vladimir Poutine. Les deux dirigeants partagent le même objectif d’affaiblir les démocraties occidentales. La Chine contribue indirectement à l’effort de guerre du Kremlin en achetant notamment du pétrole russe. Tant que cela reste là, les Occidentaux ne disent rien. Cependant, la fourniture d’informations aux Russes, par des images satellites chinoises, constitue un sujet beaucoup plus délicat. Et la livraison d’armes est considérée comme une ligne rouge.
C’est le premier message qu’Emmanuel Macron souhaite transmettre au président chinois. Pour l’instant, rien de surprenant : la Chine n’a pas franchi cette ligne en fournissant des armes et ne semble pas prête à le faire.
## La ligne rouge des livraisons d’armes
La Chine a également présenté un plan de paix en 12 points fin février. Les Occidentaux l’ont d’abord balayé d’un revers de main, car il s’agit surtout d’un catalogue de grands principes et ne propose rien de concret pour régler le conflit en Ukraine. Mais ces dernières semaines, le ton a quelque peu changé. À Paris, on estime désormais que ce plan peut constituer une « sorte de base de discussion ». Il a également reçu un accueil plutôt favorable dans plusieurs pays du Sud. Et le texte rappelle au moins le principe du respect de la souveraineté territoriale des États, sous-entendant celle de l’Ukraine.
La diplomatie française juge important de ne pas traiter les propositions chinoises avec dédain. Et surtout, l’Élysée souligne que Pékin est probablement la seule capitale capable d’influencer Moscou en ce moment. Cependant, on peut se demander quelle est la véritable volonté de la Chine de jouer le rôle de médiateur. Xi Jinping n’a d’ailleurs toujours pas pris contact avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
## Un duo avec Ursula Von der Leyen
Emmanuel Macron emmène également avec lui à Pékin la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen. D’une part, cela veut dire que l’action de Paris s’inscrit dans un cadre européen. Autrement dit, lorsque vous parlez à la France, vous parlez également à l’Europe. D’autre part, il y a sans doute une répartition des rôles entre Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen. En effet, la présidente de la commission, qui aurait l’intention de se présenter ensuite au poste de Secrétaire générale de l’OTAN, est considérée comme plus proche des positions de Washington. Elle serait donc plus dure envers la Chine, avec pour objectif à terme de déconnecter les économies. À l’inverse, Emmanuel Macron semble davantage désireux de réactiver les échanges économiques avec Pékin. Cela illustre bien la relation des 27 Européens avec la Chine : il n’y a pas d’unanimité sur le sujet.