En réponse aux critiques, la présidence française réfute toute inspiration de Renaud Camus, auteur du concept de « grand remplacement » et écrivain du livre appelé « Décivilisation ». Cependant, selon les opinions de la gauche, les conséquences négatives sont déjà établies.
Suite à des actes violents tels que l’agression mortelle d’une infirmière à Reims, le décès de trois policiers dans un accident de la route à Roubaix et une altercation du maire de Saint-Brevin, Emmanuel Macron s’est exprimé lors du Conseil des ministres le mercredi 24 mai. Le président de la République a abordé le thème des violences dans notre société en employant les termes « décivilisation », déclarant qu’aucune violence n’était légitime et qu’il fallait travailler à contrer cette tendance. Cette expression a suscité de vives réactions dans la sphère politique.
Lors de sa campagne en 2017, Emmanuel Macron luttait contre la « passion triste » et, en 2022, contre le « déclinisme ». En 2023, il utilise le mot « décivilisation », qui est également le titre d’un livre de Renaud Camus, un essayiste d’extrême droite qui a popularisé la théorie du « grand remplacement », reprise notamment lors de la campagne présidentielle d’Éric Zemmour.
La gauche, rassemblée le même jour à Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique) pour une marche contre l’extrême droite en soutien au maire démissionnaire Yannick Morez, a manifesté son agacement face à cette expression. Fabien Roussel, leader communiste, estime qu’elle entretient la confusion dans les esprits et fait obstacle à la clarification des valeurs républicaines qui doivent unir les Français.
« Il est le principal carburant de l’extrême droite »
Dans la manifestation, Sandrine Rousseau, écologiste, ne croit pas à une maladresse ou un hasard de la part d’Emmanuel Macron. Selon elle, le président utilise délibérément ce terme pour semer l’ambiguïté. Elle reproche à Emmanuel Macron de ne pas nommer l’extrême droite et de reprendre un vocabulaire associé aux idées xénophobes, racistes et complotistes, ce qui est inacceptable, selon elle, pour le chef de l’État du pays des droits de l’homme.
Pour Matthias Tavel, député insoumis, c’est une manière pour Emmanuel Macron de dérouler le « tapis rouge au RN » et de réhabiliter des figures controversées ou des concepts liés à l’extrême droite. Il accuse le président d’être le principal responsable du brouillage des repères et des valeurs.
L’Élysée réfute ces critiques, affirmant qu’Emmanuel Macron ne s’inspire pas du livre en question et que la « décivilisation » n’est pas un concept inventé par l’auteur, mais une réalité. Le président aurait voulu alerter la société sur un climat de violence dont les causes sont multiples et pour lequel la responsabilité ne peut être imputée uniquement à la politique.