On a beaucoup parlé ces derniers temps de la nébuleuse d’organisations terroristes qui sévit dans la bande sahélo-saharienne. Okay, c’est sûr, ça rigole pas trop, mais connaissez-vous ces activistes qui foutent le boxon dans la sphère des jeux vidéo ? Idéalistes, nihilistes, nietzschéens : focus sur ces fanatiques auprès desquels Al-Qaïda passerait pour un vulgaire lanceur de claques-doigts.
Albert Wesker (Resident Evil)
Société : Umbrella Corporation. Activité : bioterrorisme. Inspiration : Charles Darwin. Pour tous ceux qui auraient dans l’idée d’embrasser une carrière dans le terrorisme, Albert Wesker a dégoté LA couverture parfaite : passer pour un honnête flic dans le civil histoire de pas trop fixer les soupçons. Sauf qu’en vrai, Wesker est cadre chez Umbrella Corporation, cet archétype d’empire pharmaceutique prétendant œuvrer pour le salut de l’humanité, mais qui bosse en sous-main sur une ébauche d’armes bactériologiques.
Nietzschéen autoproclamé, Wesker nourrit un dessein un brin déroutant : inoculer ses virus à la Terre entière, dans l’espoir un peu fou de voir émerger une sorte de surhomme considérablement renforcé après période d’incubation. Et si des milliards d’êtres vivants crèvent la gueule ouverte ou se transforment en zombies friands de chair humaine pendant l’opération ? Ça, Wesker, il s’en fout. La sélection naturelle avant tout.
Charisme : Superlatif. Le terrorisme, on parie que tout le monde trouverait ça plus cool si les chefs spirituels avaient le swag de Wesker ? Vraisemblance : Élevée. Parce qu’au fond, quelle différence entre un bon vieux shoot de botox et un virus manufacturé qui déglingue ton métabolisme ?
Cloud Strife (Final Fantasy)
Groupuscule : Avalanche. Éthique : écoterrorisme. Inspiration : Greenpeace. Toute ressemblance avec l’affaire dite du Rainbow Warrior serait purement fortuite… ou pas. Dans Final Fantasy VII, le monde est dominé par la Shinra, multinationale surpuissante qui dilapide sans vergogne le peu de ressources naturelles qui subsistent à la surface de la planète Gaïa. C’est là qu’entre en scène le dénommé Cloud. Membre présumé du collectif écolo Avalanche, il ne recule devant aucun moyen pour maraver la Shinra : et vas-y que je t’explose un réacteur d’usine par-ci, et vas-y que je te dézingue les cadres de la Shinra à tout-va.
Acte de résistance ou action terroriste ? Telle est la question. Parce qu’il ne sombre que très rarement dans l’écolo-angélisme, le script de Final Fantasy VII n’y répond jamais totalement. L’ambiguïté étant maintenue par le bourrage de crâne de la Shinra, qui n’a de cesse de désigner le collectif Avalanche comme l’ennemi public numéro un. Salauds d’écolos. Ils pourraient pas nous laisser détruire la nature tranquillement, non ?
« Un Bomberman, s’il le pouvait, ferait péter la Terre entière, juste pour le fun, dans le plus gros déluge d’attentats-suicides de tous les temps. »
Charisme : Indiscutable. Cloud, lui, n’a pas trahi la cause verte en acceptant un portefeuille ministériel dans un gouvernement qui n’en a rien à carrer de l’écologie. Vraisemblance : incontestable. Entre le lynchage d’un McDalle et l’assaut du site de Notre-Dame-des-Landes, il n’y a qu’un pas que José Bové pourrait franchir aisément.
Imran Zakhaev (Call of Duty Modern Warfare)
Faction : Parti Ultra Nationaliste. Idéologie : ultranationalisme. Inspiration : Fidel Castro. Ancré dans un storytelling fictif, quoique pas si éloigné de notre réalité, Modern Warfare brosse une crise géopolitique globale où les tensions entre Orient et Occident culminent à leur paroxysme. En bon nostalgique de l’URSS, Imran Zakhaev cristallise à lui tout seul toutes les phobies héritées de la Guerre froide. Martyr devant l’éternel, un tir de sniper lui fauche le bras gauche dans une zone irradiée de Tchernobyl, théâtre d’une opération où Zakhaev et ses sbires espèrent dégoter quelques giclées de plutonium.
Dans quel but ? Bah, construire des bombes pour poutrer l’Occident, pardi ! Mission en partie accomplie quand Zakhaev déclenche la colère nucléaire sur plusieurs dizaines de milliers de marines massés dans une zone un peu chaude du Moyen-Orient. Attentat sans précédent qui préfigure cette Troisième Guerre mondiale que les acteurs de la Guerre froide redoutaient tant.
Charisme : transcendantal. Veste chinée, bottines en cuir et barbe de 40 jours : jamais un terroriste n’avait assumé un total-look hipster avec un tel brio. Vraisemblance : chimérique. Même le plus catastrophiste des films reaganiens n’aurait pu imaginer cette créature de cauchemar issue de l’union improbable de Staline, Sliimy et Castro.
Bomberman (Super Bomberman)
Clan : Bombermen. Passe-temps : personal bombing. Inspiration : Human Bomb. Ne pas se fier à leur design mignon tout plein et à leurs faux airs de poupon. Car les Bombermen figurent parmi les pires terroristes jamais vus sur une plate-forme de jeux vidéo. Leur quotidien ? Faire exploser des pauvres types qui ne leur ont sûrement rien fait sans distinction d’âge, de sexe ou de confession. Leur leitmotiv ? Gratter du matos dans les décombres des détonations pour bricoler des engins de mort de plus encore plus hardcore.
Pourquoi tant de haine ? Mais pour rien. Sachez-le : un Bomberman, s’il le pouvait, ferait péter la Terre entière, juste pour le fun, dans le plus gros déluge d’attentats-suicides de tous les temps. Eh ouais : pendant que les médias et les analystes de tous bords se perdent en conjectures sur la dangerosité éventuelle d’un Call of Duty, les terroristes de la pire espèce, eux, courent encore…
Charisme : néant. Semer des explosifs emmitouflé dans sa cagoule, c’est pas super glamour. Vraisemblance : très, très élevée. Semer des explosifs emmitouflé dans sa cagoule, c’est pas super glamour, mais ça reste vachement tendance malgré tout.
Natural Harmonia Gropius (Pokémon)
Phalange : Team Plasma. Philosophie : écoterrorisme. Inspiration : Brigitte Bardot. Qui l’eût cru ? Même Pokémon donne dans l’apologie de l’écoterrorisme. Dans la Version Noire et Blanche – sous-titre en forme de parabole sur l’esclavage ? –, le joueur est amené à défier la Team Plasma, une secte militant pour l’affranchissement des « Pocket Monsters ».
« Postal n’aspire qu’à refléter un malaise très profond : celui d’une Amérique ornée d’œillères qui refuse toujours d’admettre que ses pires fléaux sont bel et bien issus de l’intérieur. »
Quand on y pense, c’est vrai qu’il faut être sacrément sadique pour confiner un animal dans de si minuscules Pokéball. Voire sacrément con pour contraindre ces petites bestioles à se taper dessus, alors qu’il suffit de se focaliser deux secondes sur leur iris pour réaliser qu’elles n’aspirent qu’à l’ataraxie. Pour Natural Harmonia Gropius, l’éleveur de Pokémon ne vaut guère mieux que le fou furieux qui inscrit son clébard à un combat de pitbulls : pour l’un comme pour l’autre, c’est une façon de se délecter de la vue du sang.
Ouais, élever des Pokémon, c’est mal. Forte de cette conviction intime qui l’invite à envoyer valser toute forme de discrimination vis-à-vis des dits bestiaux, la Team Plasma a juré d’émanciper tous les Pokémon et de foutre le feu à tous les centres de dressage. Postulat qui n’exclut en aucun cas l’usage de la violence, cela va de soi.
Charisme : époustouflant. Imaginez donc un gosse de quatre ans, fou de Pokémon, placé face à une problématique écolo-humaniste qui le dépasse complètement. Vraisemblance : irréfutable. 30 Millions d’Amis likes this.
Postal Dude (Postal)
Parti : National Rifle Association. Doctrine : libertarianisme. Inspiration : Oncle Sam. Clin d’œil vidéoludique à la Chute Libre réalisée par Joel Schumacher, Postal raconte l’histoire d’un américain moyen en plein burnout. Parce qu’il n’en peut plus de scotcher dans d’interminables files d’attente au supermarché, ce psychopathe en puissance craque littéralement et dégaine son fusil d’assaut histoire d’exorciser sa frustration dans un bain de sang. Outrées par un tel déferlement de violence gratuite, quelques vierges effarouchées d’outre-Atlantique ont tôt fait d’accuser Postal d’encourager les comportements violents chez les adolescents.
Bullshit, ouais ! Même si on comprend qu’une nation traumatisée par des massacres d’étudiants s’émeuve de l’existence d’un tel jeu, ce n’est pas une raison pour préjuger à tous crins des intentions de ses créateurs. Car loin de se réduire à une apologie bête et méchante de la culture de l’arme à feu, Postal n’aspire qu’à refléter – de façon pas toujours subtile certes – un malaise très profond : celui d’une Amérique ornée d’œillères qui refuse toujours d’admettre que ses pires fléaux (psychopathes, lobbyistes, et boursicoteurs) sont bel et bien issus de l’intérieur. A bon entendeur, salut.
Charisme : nul. Vraisemblance : totale.