À la fin de l’été, de nombreux médias ont exprimé leur préoccupation face à un chiffre alarmant, affirmant qu’il y avait chaque jour 156 plaintes enregistrées en Île-de-France pour des violences sexuelles dans les transports. Cependant, cette information s’est avérée être 80 fois exagérée.
Le chiffre a beaucoup circulé sur internet à la fin du mois d’août. Selon un article du Parisien du 31 août 2023, il y aurait eu 156 victimes de violences sexuelles par jour dans les transports en commun en Île-de-France en 2020. Cette information a été reprise par plusieurs médias tels que Libération, Ouest France, Marie Claire, Madmoizelle et même la chaîne de télévision 42mag.fr. Cependant, ce chiffre est incorrect.
L’erreur provient d’un article du journal Le Parisien qui a divulgué une note interne de la police. Dans cet article consacré aux violences sexuelles dans les transports en commun, il est mentionné que « 57 000 plaintes pour violences sexuelles ont été enregistrées en 2020 par les services de police et de gendarmerie. Soit 156 plaintes par jour ». Plusieurs médias ont interprété cela comme étant spécifique aux transports en commun en Île-de-France et ont repris ce chiffre sans le vérifier, ce qui a suscité une certaine inquiétude.
Cependant, cette interprétation est fausse. En réalité, en 2020, les forces de l’ordre ont enregistré moins de deux victimes de violences sexuelles par jour dans les transports en commun franciliens, selon les données du service de statistiques du ministère de l’Intérieur. Bien que cela reste déjà beaucoup trop, c’est 80 fois moins que le chiffre qui a circulé. Il convient de préciser que ces données concernent les victimes enregistrées et ne tiennent pas compte du nombre de victimes qui ne déposent pas plainte.
Le chiffre de 156 plaintes ne concerne en aucun cas les transports en commun, ni l’Île-de-France en particulier. Il correspond en réalité au nombre de victimes de violences sexuelles enregistrées par les forces de l’ordre dans tout le pays en 2020, dans tous les lieux sauf les transports en commun. Il s’agit donc de l’inverse de ce qui a été rapporté. Si l’on ajoute les transports, le nombre passe à 161 victimes de violences sexuelles enregistrées par jour en France en 2020.
Sous-titre: Chiffres en hausse en 2022
Les chiffres des violences sexuelles avaient légèrement diminué en 2020 en raison de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Depuis, de nouvelles données ont été publiées pour les années 2021 et 2022, et elles font état d’une augmentation constante des violences sexuelles en France.
En 2021, les forces de l’ordre ont enregistré 78 600 victimes de violences sexuelles dans tout le pays, dont 2 039 dans les transports en commun. Rien qu’en Île-de-France, 13 870 victimes de violences sexuelles ont été enregistrées, dont 905 dans les transports en commun. Cela représente en moyenne 2,5 victimes par jour dans le réseau de transport francilien.
En 2022, les chiffres étaient encore légèrement plus élevés. Les forces de l’ordre ont enregistré 87 675 victimes de violences sexuelles, dont 2 308 dans les transports en commun du pays. Rien qu’en Île-de-France, 16 087 victimes ont été enregistrées, dont 1 077 ont été victimes de violences sexuelles dans les transports. Cela représente près de 3 victimes par jour dans le réseau francilien.
Dans son rapport statistique, le ministère de l’Intérieur note que les violences sexuelles dans les transports ont augmenté « à un rythme similaire » à celui des violences sexuelles dans d’autres lieux. Il avance plusieurs explications à cette augmentation du nombre de victimes enregistrées, notamment l’augmentation réelle de ces actes violents, la libération de la parole des victimes et l’amélioration de l’accueil qui leur est réservé dans les commissariats et les gendarmeries.