Le responsable du portefeuille économique du gouvernement a approuvé l’idée de retarder l’entrée en vigueur de l’interdiction de louer des logements très énergivores, communément appelés « passoires thermiques », avant de revenir sur sa décision. Dans la perspective des élections présidentielles prévues pour 2027, Bruno Le Maire cherche à prouver qu’il n’est pas seulement un « rigoriste » dans sa façon de gouverner.
Invité à participer à une toute nouvelle émission politique sur France 2, le jeudi 28 septembre au soir, Bruno Le Maire profite de l’exposition du budget 2024 pour tenter de faire passer un message électoraliste, d’ores et déjà orienté vers 2027 et l’ère post-Macron. Pourtant, il est en général complexe pour une figure importante du gouvernement de créer une distinction. Ce n’est pas un exercice habituel pour Bruno Le Maire. Lorsqu’il fait une tentative inédite dans cette direction, il trébuche. Dans une interview accordée au Parisien-Aujourd’hui en France et rendue publique mardi soir, il déclarait être personnellement favorable à repousser l’interdiction de louer des logements énergivores. Néanmoins, mercredi matin, il a complètement rétracté cette affirmation : le calendrier prévoyant une interdiction pour 2025 pour les logements classés G et pour 2028 pour les logements classés F, demeure inchangé.
Une communication à double entrée
Bruno Le Maire a-t-il commis une erreur de communication ? Eh bien oui… et non. Oui, car en politique, un pas en avant suivi de deux pas en arrière en l’espace de seulement 24 heures, donne assurément une image de désorganisation. Qui plus est, il a essuyé un véritable tir groupé de la part de plusieurs leaders de sa majorité. Cependant, pour le ministre de l’Économie, l’essentiel réside ailleurs. Il a réussi à véhiculer une double vision. Il cherche en premier lieu à démontrer qu’il n’est pas seulement un « perpétuel austère » qui vise à juguler les déficits en clôturant le coûteux « quoi qu’il en coûte ». Il se place donc en défenseur du niveau de vie des Français. Par ailleurs, son objectif est de prévoir l’avenir. Au fur et à mesure que l’échéance prévue se rapprochera, la question de la location des logements énergivores refera surface. Un peu à l’image de la problématique concernant la mise en place de zones à faibles émissions dans les grandes villes. Lorsque ce jour arrivera, Bruno Le Maire pourra alors affirmer : « Je vous avais prévenu… ».
Le Ministre de l’Économie met en avant son « réalisme », mais également son expérience – qui s’étend sur presque 7 ans à Bercy – ainsi que son professionnalisme. C’est pour cette raison qu’il s’est rapidement distancié du désastre de la vente à perte de carburants annoncée par Élisabeth Borne. Toutefois, son souci majeur demeure le fait qu’Emmanuel Macron demeure le véritable chef.
Le Président a laissé son ministre déclarer pendant trois semaines qu’il n’y aurait aucune nouvelle réduction. Avant de finalement annoncer l’octroi d’un chèque carburant de 100 euros à plus de quatre millions de conducteurs. C’est cela, l’essence même du fonctionnement de l’exécutif : un ministre ne peut pas s’éloigner de la ligne directrice sans recevoir une réprimande, alors que le dirigeant de l’Élysée, lui, peut exprimer librement toutes ses pensées.