Convoitant le prestigieux Lion d’or à la Mostra de Venise, « Ferrari » de Michael Mann retrace le parcours tumultueux du renommé entrepreneur et pilote italien. Le film est en compétition avec « Dogman » du cinéaste français Luc Besson et « El Conde » du réalisateur chilien Pablo Larrain.
Michael Mann, un des cinéastes les plus respectés d’Hollywood, a récemment dévoilé son dernier film, mettant en vedette Adam Driver, intitulé Ferrari, au célèbre Festival de Venise. À 80 ans, Mann a décidé de se concentrer sur l’année 1957, un moment déterminant dans la vie tourbillonnante du couple Enzo Ferrari et Laura, jouée par Penélope Cruz. Avec une attention méticuleuse aux détails basés sur la vie du créateur de la populaire marque de voitures de sport, le réalisateur de Heat choisit une ambiance sombre pour représenter un homme sur le point de tomber.
Adam Driver incarne Enzo Ferrari
Présentant une coiffure entièrement grise et une élégance italienne, c’est avec retenue qu’Adam Driver prend en charge le rôle à forte tension d’un homme d’affaires dont la vie va à la dérive. En proie à des difficultés financières, dépassé par ses rivaux, celui que l’on surnomme « il Commendatore » (« le Commandeur ») est hanté par la mort de son fils et est incapable de reconnaître un enfant illégitime. Son seul espoir de salut possible : une victoire à la Mille Miglia, une course légendaire à travers l’Italie, à laquelle participent tous les grands pilotes de son temps.
Adam Driver a déclaré lors d’une interview à Venise que l’histoire d’Enzo Ferrari est « profondément humaine » et revêt une dimension « universelle ». « Il y a tant de contradictions en lui, j’ai ressenti un profond écho », ajoute l’acteur qui a su séduire de grands réalisateurs tels que Ridley Scott, Jim Jarmusch et Leos Carax au cours des années passées.
Ce projet est un rêve de longue date pour Michael Mann, qu’il concrétise après une carrière de quatre décennies qui a laissé une empreinte indéniable dans le monde du film d’action et du suspense à Hollywood. Précédemment, il avait co-produit Le Mans 66 (2019), démontrant ainsi son attirance pour le secteur automobile et la course.
Projeté en Italie et parlé en anglais, Ferrari sera absent des cinémas français, Amazon Prime Video ayant décidé de ne le diffuser qu’en 2024.
« Solidarité » avec la grève à Hollywood
La projection du film, en lice pour le Lion d’Or, a également fait sensation à Venise, Adam Driver étant l’une des rares célébrités américaines qui a eu la permission de se déplacer malgré la grève en cours à Hollywood. Cette perturbation du travail, qui immobilise l’industrie cinématographique américaine, interdit toute opération de promotion, sauf pour certaines productions indépendantes, comme c’est le cas pour Ferrari.
Cependant, Michael Mann et Adam Driver ne souhaitent pas se présenter comme des casseurs de grève. « Je suis ici par solidarité » avec les associations de scénaristes et d’acteurs, qui revendiquent une meilleure rétribution et une réglementation de l’usage de l’intelligence artificielle, a déclaré Adam Driver lors d’une conférence de presse. Il a critiqué ouvertement la position de Netflix et Amazon face à cette grève.
« Individuellement et collectivement, nous soutenons pleinement la grève », a ajouté Michael Mann. « Ferrari a pu être réalisé car ceux qui ont contribué à sa création ont consenti à une diminution significative de leurs salaires, en ce qui concerne Adam et moi-même (…) Aucun grand studio ne nous a financé ».
Luc Besson et Pablo Larrain en competition
Jusqu’à présent, personne à Venise n’a remis en question la légitimité de la grève, qui frappe de plein fouet le premier festival : le président du jury, le réalisateur Damien Chazelle (La La Land), a montré son soutien en portant, le premier jour du festival, un T-shirt en faveur du mouvement et a déclaré à l’AFP qu’il espère que « quelque chose de positif » en ressortira.
Deux autres films ont été mise en avant en compétition le même jour : Dogman, qui marque le retour du réalisateur français Luc Besson, et El Conde du réalisateur chilien Pablo Larrain, qui met en scène une représentation satirique de Pinochet en vampire.