La Cité du Vitrail, dans la ville française de Troyes, est dédiée à l’art du vitrail. De l’époque médiévale à l’époque moderne, l’extraordinaire histoire du musée sera mise en lumière lors des Journées européennes du patrimoine de ce week-end, les 16 et 17 septembre.
La Cité du Vitrail, installée dans l’Hôtel-Dieu-le-Comte du XVIIIe siècle, a accueilli plus de 50 000 visiteurs depuis sa réouverture au public en décembre après d’importants travaux de rénovation.
Son existence témoigne de la curiosité du public pour la forme d’art du vitrail.
La conservatrice et directrice du musée, Anne-Claire Garbe, tient à souligner que si l’artisanat traditionnellement religieux remonte au IVe siècle, il a considérablement évolué pour devenir une partie de l’art moderne et profane.
Troyes était un haut lieu du monde du vitrail pour la France et l’Europe grâce à son rôle de capitale de l’ancien comté de Champagne, a déclaré Garbe à 42mag.fr. Ses artisans hautement qualifiés étaient mandatés par les églises de la région.
Grâce à son dispositif interactif, les visiteurs de la Cité du Vitrail peuvent voir de près des exemples du XIIe siècle – comme les projets réalisés pour la cathédrale de Sens vers 1500.
Les expositions montrent le long processus depuis la conception jusqu’à la fabrication du verre, la coloration, la découpe, la peinture et l’installation – une ode au grand nombre de personnes impliquées dans la création de la pièce finie.
Initialement associé aux églises, le vitrail était utilisé pour capter la lumière, invitant les fidèles à regarder vers le ciel en contemplation.
Outre l’aspect esthétique, ce fut l’un des premiers exemples de bande dessinée – une histoire religieuse racontée à travers des images. Cela a donné un contexte à une grande partie de la population qui ne savait pas lire.
Alors que le Moyen Âge gothique, la Renaissance et le XIXe siècle étaient considérés comme des âges d’or pour le vitrail, les peintres et artistes modernistes s’en sont emparés depuis.
Si les techniques sont restées largement les mêmes, l’émergence des ordinateurs et des machines industrielles a innové dans le processus de conception, comme en témoignent les panneaux Millennium Stained Glass de Véronique Ellena pour la cathédrale de Strasbourg en 2015.
L’espace principal de la galerie du musée est situé dans l’ancienne salle des malades de l’hospice, créé au XIIe siècle par Henri 1er comte de Champagne.
Grâce à ses hauts plafonds et à ses généreuses fenêtres, « c’était l’endroit idéal pour exposer de grands vitraux et bénéficier de la lumière naturelle », explique Garbe.
Parmi les motifs et dessins plus traditionnels, il y en a plusieurs que l’on pourrait ne pas associer du tout au vitrail.
L’un d’eux est un prototype réalisé par l’artiste américain Robert Morris en collaboration avec le Studio Duchemin à Paris.
Sa pièce circulaire a été conçue pour les vitraux de la cathédrale de Maguelone, dans le sud de la France, construite sur une bande de terrain entièrement entourée d’eau.
Pour répondre au désir de l’artiste de recréer l’effet de l’eau en mouvement, le verrier a imaginé une technique qui déforme le verre grâce à la chaleur, laissant ainsi des ondulations visibles.
Le verre possède des propriétés fascinantes qui encouragent l’expérimentation.
Transformer, recycler les matériaux et explorer leur potentiel, c’est ce que fait l’artiste parisien Tal Waldman dans les domaines de l’architecture, de la peinture, du dessin, de la céramique et du tissu.
Elle expérimente le verre dans son travail depuis plusieurs années. Certaines de ses sculptures en vitrail 3D étaient exposées lors d’une exposition à la Cité du Vitrail plus tôt cette année.
Décrivant le verre comme un matériau « noble et magnifique », Waldman dit que sa fascination pour celui-ci remonte à son adolescence, lorsqu’elle visitait une fouille archéologique. Elle y découvre un fragment d’un flacon en verre contenant de la poudre pour kit de maquillage féminin.
« J’ai été très touchée, c’était comme recevoir un message d’une femme comme moi mais il y a deux mille ans », a-t-elle déclaré à 42mag.fr.
« C’est comme un jeu, dans lequel je mélange constamment des idées. C’est ainsi que j’ai fini par travailler le verre et j’espère continuer à le faire.
La Cité du Vitrail participe pour la première fois aux Journées européennes du patrimoine les 16 et 17 septembre 2023.