Mercredi marque la première du film « Le procès Goldman » réalisé par Cédric Kahn, c’est l’occasion idéale pour revisiter l’histoire de Pierre Goldman. Un individu dont la vie est complexe, né de parents juifs polonais et ayant été une personnalité notable de l’extrême gauche dans les années 1970.
Le 27 septembre 1979, Paris assista à une marche silencieuse de 15 000 personnes, suivant un corbillard jusqu’au cimetière du Père Lachaise. Les manifestants rendaient hommage à Pierre Goldman, figure emblématique de l’extrême gauche en France pendant les années 1970. Parmi les personnalités présentes, on trouvait notamment Régis Debray, Daniel Cohn-Bendit, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. En 2023, exactement 44 ans après la mort de Pierre Goldman, le réalisateur Cédric Kahn fait revivre son second procès dans son film Le Procès Goldman.
Pierre Goldman a suscité l’attention du public pendant dix ans avant sa mort. Ce demi-frère de l’artiste de musique populaire Jean-Jacques Goldman était un intellectuel enragé et désillusionné qui, à la fin des années 1960, s’engagea dans la guérilla au Venezuela avant de revenir en France où il fut lié à plusieurs hold-up.
Inculpé pour deux meurtres pendant un vol à main armée
En 1969, sa vie bascule lorsque dans le cadre d’un vol à main armée à Paris, boulevard Richard-Lenoir, deux pharmaciennes sont assassinées. Pierre Goldman rejette ces allégations. Son premier procès a lieu en 1974, où la cour d’assises de Paris le condamne à la prison à vie. Un verdict très discuté par une partie importante de la sphère intellectuelle française, particulièrement à gauche. 50 personnalités formèrent un comité de soutien, parmi lesquels Pierre Mendès-France et l’actrice Simone Signoret.
Lorsque le premier jugement est cassé pour vice de procédure, un second procès est ouvert en 1976 à Amiens. Grâce à la force combinée de nombreux et influents soutiens, et un manque de preuves, Pierre Goldman est acquitté des meurtres de Richard-Lenoir. Il est cependant condamné à 12 ans de réclusion pour trois autres vols armés. Le rôle de Simone Signoret, présente lors de la plupart des débats, ne pouvait pas laisser les jurés insensibles, comme l’a souligné l’avocat de Goldman, Georges Kiejman.
Les ventes de son livre autobiographique Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France, rédigé en prison avant son second procès, permettent à Goldman de subsister. Il écrit aussi pour le journal Libération. Mais le 20 septembre 1979, il meurt à Paris, abattu en pleine rue près de chez lui. Le meurtre n’a jamais été résolu, bien que plusieurs pistes émergent, suggérant notamment l’implication de groupes d’extrême droite.