La chef de la Commission européenne a affiché un esprit de lutte face aux députés de l’Europe, à seulement neuf mois de la tenue des élections. Toutefois, elle n’a pas encore révélé si elle envisage de postuler pour un deuxième mandat.
Un discours à neuf mois des prochaines élections européennes a été prononcé par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, le mercredi 13 septembre, à Strasbourg devant les députés européens. Ursula von der Leyen, ex-ministre de la Défense de l’Allemagne, a pris environ quarante minutes pour défendre son bilan. Depuis son début de mandat en 2019, l’Union européenne (UE) a dû gérer la crise sanitaire due au Covid-19 et le conflit en Ukraine.
L’oratrice, qui n’a pas encore indiqué si elle envisageait de solliciter un second mandat, a notamment défendu le Pacte vert, « juste et équitable », malgré les objections de plusieurs conservateurs européens. Par ailleurs, elle a encouragé une discussion sur l’expansion de l’UE. Contrairement à l’année précédente, l’Ukraine n’était pas le sujet principal de son allocution qui a été livrée en anglais, français et allemand. Voici les principaux points à retenir.
La défense du Pacte vert face aux oppositions
Malgré la validation du plan climat, le Pacte vert, objectif de la neutralité carbone d’ici 2050, n’est pas entièrement réalisé avec 37 textes encore en discussion, dont certains très controversés, comme celui sur « la restauration de la nature » et la réglementation des pesticides. Face à cela, Ursula von der Leyen a réaffirmé sa détermination à « maintenir le cap » et à « rester ambitieuse ». Certaines lois relatives à l’environnement génèrent de plus en plus de tensions entre certains États membres et les eurodéputés de son propre parti, le Parti populaire européen (droit), qui plaident pour une « pause » réglementaire.
Un hommage aux agriculteurs
En allemand, Ursula von der Leyen a rendu hommage aux agriculteurs européens, tout en précisant que l’agriculture et la protection de la nature ne sont pas incompatibles. Les agriculteurs sont soumis à l’impact croissant, sur leur travail et leurs revenus, de l’agression russe contre l’Ukraine, du changement climatique qui engendre sécheresses, incendies et inondations, mais aussi de nouvelles obligations. Elle s’est engagée à garantir une transition juste et équitable, promettant également des dialogues avec les industriels.
L’accélération de la délivrance des permis pour l’éolien
Face aux défis sans précédent du secteur éolien, la dirigeante a projeté d’accélérer encore davantage la délivrance des permis, qui est déjà facilitée par la loi en cours d’adoption sur les énergies renouvelables. « Nous allons présenter un train de mesures européennes sur l’énergie éolienne, élaborées en collaboration étroite avec l’industrie et les États membres », a-t-elle ajouté.
L’ouverture d’une enquête sur les subventions chinoises
La présidente de la Commission a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les subventions attribuées par la Chine qu’elle juge illégales, et qui concernent les véhicules électriques vendus en Europe. Elle a exprimé sa volonté de protéger l’industrie européenne contre les « prix artificiellement bas ». « Les marchés mondiaux sont actuellement inondés de voitures électriques chinoises à bas coût », a-t-elle indiqué. « L’Europe est ouverte à la concurrence. Pas à une normalisation par le bas. » L’annonce a été bien accueillie par l’association des constructeurs automobiles européens.
La promesse de lutter contre les éléments adverses qui menacent l’économie
Ursula von der Leyen a souligné les « vents violents » qui assombrissent la conjoncture économique. Elle a ainsi mentionné les pénuries de main-d’œuvre, les « goulets d’étranglement de la compétitivité », mais surtout la persistance d’une « inflation forte ». Il s’écoulera un certain temps avant de revenir à l’objectif d’une inflation à 2% en zone euro, a-t-elle reconnu, alors que l’inflation s’élevait à 5,3% sur un an en août dans l’UE.
Un appel à « terminer le travail » sur la réforme de la politique migratoire
S’exprimant en français, la présidente de la Commission a exhorté les eurodéputés et les États membres à conclure la difficile réforme de la politique migratoire. « Montrons que l’Europe peut gérer les migrations efficacement et avec compassion. Finissons le travail ! », a-t-elle encouragé. Mais les négociations entre le Parlement et les États membres se révèlent ardues.
Le soutien à l’Ukraine réaffirmé face à la Russie
La leader européenne a salué les « grands progrès » réalisés par Kiev en matière d’adhésion à l’Union et a renouvelé le soutien des Européens « aussi longtemps que nécessaire » face à l’offensive russe. Elle a promis une nouvelle enveloppe de 50 milliards d’euros pour les quatre prochaines années. Elle a également rendu hommage à Victoria Amelina, écrivaine ukrainienne tuée lors d’une frappe russe à Dnipro en juillet. Les eurodéputés ont longuement applaudi pour honorer sa mémoire.
Un appel à avancer rapidement sur l’élargissement de l’UE
Les propos de la dirigeante sur le sujet étaient attendus, suite à l’appel du président du Conseil européen, Charles Michel, à l’UE pour se préparer à intégrer de nouveaux membres « d’ici à 2030 ». « L’avenir de l’Ukraine est notre Union. L’avenir des Balkans occidentaux est notre Union. L’avenir de la Moldavie est notre Union », a-t-elle déclaré, réitérant son soutien à l’élargissement de l’UE. Elle est en faveur de la modification des traités, tout en affirmant « qu’il n’était pas nécessaire d’attendre » pour parler d’élargissement. « Il est temps pour l’Europe d’être ambitieuse et d’écrire notre destinée », a-t-elle affirmé.