Bruno Le Maire a d’ores et déjà signalé que nous aurons besoin de dégager au minimum 12 milliards d’euros d’économies d’ici à 2025. La majorité au pouvoir souhaite contribuer activement à cette recherche de réductions budgétaires en engageant davantage les députés dans cette démarche.
Sylvain Maillard, le nouveau président du groupe Renaissance à l’Assemblée Nationale, est déterminé à ce que les membres de son parti présidentiel jouent un rôle actif dans la recherche de mesures d’économies pour le budget de 2025. Il suit attentivement la nomination d’un ministre du budget, lors de laquelle il pourra dialoguer et mobiliser son équipe. En parallèle, une cellule de travail s’est organisée de manière informelle afin d’étudier les réductions budgétaires possibles, sous la direction de Jean-René Cazeneuve, le rapporteur du budget, et en coopération avec des élus de la commission des finances. Mais Sylvain Maillard espère que l’ensemble des élus Renaissance participeront à la réflexion. « Il est important que tous contribuent en amont de la séquence budgétaire », déclare-t-il, avec l’intention de présenter des propositions au gouvernement dès mars.
Il y a une forte détermination à commencer tôt car l’Assemblée et le gouvernement partagent des préoccupations communes sur la complexité du budget 2025. Avec une dette de 3 000 milliards, « le chemin de la reprise budgétaire sera éprouvant », confesse un ministre, « d’importantes coupes budgétaires seront nécessaires ». Les économies majeures sont souvent difficiles à accepter politiquement, il est donc plus sage de préparer les mentalités à l’avance.
Anticiper un futur recours à l’article 49.3
Il est nécessaire d’anticiper un probable ralentissement économique, qui pourrait être plus coûteux pour le budget de l’Etat que certaines dépenses ponctuelles, par exemple les 400 millions débloqués récemment pour les agriculteurs. Une autre raison de s’y prendre tôt est qu’on sait déjà que dès cet automne le budget sera adopté par le recours à l’article 49.3, faute de majorité à l’Assemblée.
L’utilisation de l’article 49.3 signifie une réduction des débats budgétaires dans l’Assemblée. L’opposition acceuille mal cette situation, ainsi que plusieurs membres de la majorité qui ont le sentiment de n' »être d’aucune utilité ». Ainsi, l’Assemblée préfère travailler en concertation avec le gouvernement pour élaborer en amont le budget.
Certains élus espèrent que cette démarche permettra d’éviter « la hausse des amendements coûteux » à la dernière minute, qui provoquent systématiquement des angoisses à Bercy. « Il y a des batailles que nous ne pouvons pas mener, faute de moyens financiers », admet un député. Un autre propose d’avoir « le courage de supprimer des aides publiques inefficaces », en mentionnant par exemple les aides à l’embauche d’apprentis. Cette volonté de réduire les dépenses devrait plaire au futur ministre du budget, mais risque de ne pas rencontrer l’adhésion des citoyens français.