Dans l’émission Tout Public diffusée le mardi 29 octobre 2024, deux films américains retiennent particulièrement l’attention cette semaine. Le premier, « Anora », est réalisé par Sean Baker. Le second, « Juré n°2 », est signé du célèbre Clint Eastwood. En parallèle, Marc Trédividic présente également son œuvre intitulée « Huitième section ».
Films américains en pleine actualité électorale
À seulement sept jours du scrutin présidentiel américain, deux films marquants sont à l’affiche : Juré n°2, réalisé par Clint Eastwood, et Anora signé Sean Baker, lauréat de la Palme d’or au Festival de Cannes 2024. Chacun de ces œuvres propose une vision unique et personnelle de l’Amérique d’aujourd’hui. Eric Libiot, l’écrivain derrière le livre Eastwood et moi publié chez JC Lattès, décrit Juré n°2 comme un chef-d’œuvre à la fois classique et redoutable, qu’il considère comme une réaction face à Donald Trump et sa perception du monde.
Dans cette création cinématographique, Clint Eastwood explore les rouages du système judiciaire américain et promeut une société aux valeurs libertariennes, comme le souligne Eric Libiot. « Clint Eastwood incarne un libertarien », explique-t-il, précisant que cette philosophie repose sur la croyance que la société est la somme de ses individus. Bien que le réalisateur se distance des idées conservatrices et trumpistes, il affirme l’importance fondamentale de la justice au cœur des valeurs américaines.
« Clint Eastwood demeure très attaché à des principes fondamentaux, il sait équilibrer ce qui est légal et moral, le juste et la vérité. Cela reflète sa carrière entière, où il scrute la complexité de la nature humaine. »
Eric Libiot42mag.fr
Ces réflexions sur l’humanité et sur les structures sociétales s’incarnent à travers les divers personnages qui peuplent les films d’Eastwood. Le héros libertarien qu’il dépeint évolue et se complexifie au fil des années. Eric Libiot reporte qu’à partir de la cinquantaine, Eastwood a commencé à adopter une vision plus nuancée, remettant en question son propre point de vue. Juré n°2 s’inscrit parfaitement dans cette lignée de son imposante filmographie.
Un autre regard avec Anora de Sean Baker
La sortie américaine marquante de cette semaine inclut également Anora de Sean Baker, qui a obtenu la Palme d’or 2024. Eric Libiot salue cette œuvre comme un sommet de l’excellence. Il établit un parallèle entre les deux films, soulignant qu’ils racontent tous deux l’histoire de personnages à la marge, cherchant leur propre voie face aux normes sociétales établies.
Sean Baker renoue avec la tradition du cinéma indépendant américain, qui lutte désormais pour exister face aux budgets colossaux des productions hollywoodiennes. La reconnaissance de la Palme d’or représente donc un triomphe pour ce cinéaste de 53 ans.
Les cinéphiles pourront découvrir Juré n°2 de Clint Eastwood ainsi qu’Anora de Sean Baker dans les salles obscures à partir du mercredi 30 octobre 2024.
Un polar personnel par Marc Trévidic
Dans son roman intitulé Huitième section, Marc Trévidic plonge dans ses souvenirs de jeunesse en tant que jeune homme indigné dans les années 1990, lorsqu’il était impliqué dans la 8e section du parquet de Paris. À travers son protagoniste Lucien Autret, alter ego littéraire, l’écrivain dépeint une section englobant toute la misère parisienne, traitant des corps oubliés par la société. Trévidic s’oppose à cette indifférence mortuaire, plaidant pour une « égalité post-mortem » où chacun, vivant ou défunt, mérite le même traitement.
L’écriture de ce livre a permis à Trévidic de se reconnecter avec son esprit contestataire d’autrefois. Bien qu’avec le temps, il admet avoir pris du recul, ce qui selon lui n’est pas forcément négatif. Malgré les nombreuses dysfonctionnements qu’il pointe dans le système judiciaire français, il reste passionné par son métier, qu’il décrit comme un véritable service public enrichissant.
« [Ce livre] m’a permis de renouer avec l’homme que j’étais, avec ma révolte d’alors. »
Marc Trévidic42mag.fr
Malgré les ressources limitées du système judiciaire qu’il décrit comme « complètement inadaptées », il valorise toujours l’importance de ce travail crucial qu’il juge profondément gratifiant. Le désormais Président de la Cour d’assises reste profondément engagé envers ce qu’il qualifie de « véritable service public » valorisant.
Huitième section est désormais disponible chez les libraires sous la collection Série Noire de Gallimard.
L’émission a pu compter sur la participation de Thierry Fiorile, journaliste du service culture de 42mag.fr, ainsi que Gilbert Chevalier, présentateur du podcast « À livre ouvert » sur 42mag.fr.