Aurélien Martini, secrétaire général adjoint de l’Union Syndicale des Magistrats, a exprimé son inquiétude vendredi sur 42mag.fr, soulignant que si nous ne réagissons pas adéquatement aux défis actuels, nous pourrions sombrer dans un système illégal qui s’emparerait de l’économie réelle.
« Des ressources humaines et technologiques sont indispensables pour lutter efficacement contre la menace que représente la criminalité organisée », déclare Aurélien Martini, vice-procureur au tribunal de Melun et secrétaire général adjoint de l’Union syndicale des magistrats (USM), sur 42mag.fr, le vendredi 8 novembre, en réaction aux mesures annoncées par le gouvernement pour combattre le trafic de drogues. En visite à Marseille ce même jour, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et le ministre de la Justice, Didier Migaud, ont présenté un plan pour lutter contre ces activités illicites.
Le ministre de la Justice a une nouvelle fois exprimé son soutien à la mise en place d’un « parquet national » destiné à lutter contre la criminalité organisée. « La création d’un parquet national pour la criminalité organisée permettrait de centraliser les efforts et d’avoir une vision globale, à l’instar de ce qui existe déjà avec le parquet national antiterroriste », explique Aurélien Martini. Toutefois, contrairement au terrorisme, qui constitue une « infraction spécifique », la criminalité organisée est « beaucoup plus diversifiée », précise le magistrat. « Les délinquants se diversifient, passant du trafic de drogue à l’exploitation sexuelle, puis au commerce illégal d’armes et à la contrebande de tabac », ajoute-t-il.
Un système judiciaire à renforcer
Dans le cas où un parquet national contre la criminalité organisée verrait le jour, « il serait impératif de l’accompagner d’une augmentation des effectifs » et non pas de le créer » sans ressources supplémentaires », affirme Aurélien Martini. Il en va de même pour l’idée de mettre en place des cours d’assises spéciales, composées exclusivement de magistrats professionnels, une option également envisagée par le ministre de la Justice. « Les groupes criminels disposent des ressources financières et humaines pour menacer quiconque, y compris les magistrats », d’où la nécessité de « protéger l’appareil judiciaire contre ces risques de pressions », déclare le secrétaire général adjoint de l’USM. À ses yeux, le système judiciaire en France « n’est actuellement pas équipé » pour résister à de telles menaces.
« Nous n’avons pas le luxe de choix, il en va de la préservation de notre système démocratique. »
Aurélien Martini, vice-procureur et secrétaire général adjoint de l’USMsur 42mag.fr
« Si nous ne répondons pas de manière adéquate à cette menace, nous risquons de voir émerger un système criminel capable de dominer l’économie réelle, d’influencer les institutions et de corrompre à tous les niveaux, ce que nous devons absolument empêcher », poursuit le magistrat, conscient que « cet effort est complexe et requiert des investissements conséquents ».