Le président socialiste du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, se questionne sur les mesures de sécurité envisagées pour les Jeux Olympiques de 2024 ainsi que pour la Coupe du monde de Rugby en 2023. Il met en avant particulièrement les lanceurs de balles de défense et l’utilisation de la Brigade de répression de l’action violente motorisée (BRAV-M).
Dans une lettre adressée le 7 avril au ministre de l’Intérieur et consultée le 11 avril par 42mag.fr, Stéphane Troussel, président du Parti socialiste (PS) au Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, évoque le dispositif de sécurité qui doit être mis en place pour les deux événements sportifs majeurs à venir en France : la Coupe du monde de rugby à partir de septembre et les Jeux olympiques et paralympiques en 2024.
Le département « sera l’un des principaux théâtres de deux grands événements sportifs internationaux », écrit Troussel. En effet, plusieurs matchs de la Coupe du monde de rugby se tiendront au Stade de France à Saint-Denis, et le village olympique sera à Saint-Ouen, également en Seine-Saint-Denis. Le département sera donc sous une vigilance accrue.
Stéphane Troussel souhaite « partager ses interrogations » avec Gérald Darmanin « concernant la doctrine et les conditions d’emploi qui présideront au recours des forces de l’ordre en ces deux occasions ». Plus précisément, il fait référence aux lanceurs de balles de défense (LBD) et aux grenades de désencerclement, ainsi qu’au recours aux agents de la BAC et de la BRAV-M pour assurer le maintien de l’ordre.
Selon Troussel, il faut « limiter leur utilisation aux missions qui correspondent à leur formation » : « Ils et elles sont formées pour arrêter des délinquants dangereux et non pour encadrer des manifestants et manifestantes ». Il craint une escalade de la violence : « Les images de ces dernières semaines, qui s’ajoutent à celles de ces dernières années, ne sont pas de nature à rassurer ».
Le président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis invoque notamment les violences survenues en marge des manifestations récentes contre la réforme des retraites, de la mobilisation « anti-bassines » à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres et en marge de la finale de la Ligue des champions qui avait été organisée l’an dernier au Stade de France. « À l’occasion de ce grand événement sportif, il y a eu des témoignages de supporters espagnols ou anglais qui n’avaient jamais vu une telle attitude de la part des forces de l’ordre », rappelle Troussel. Il estime que la « France fait presque figure d’exception » dans sa doctrine sécuritaire, regrettant qu’il n’y « ait pas l’emploi du dialogue, de la désescalade dans les rapports avec les manifestants ».
Craintes d’une stigmatisation des habitants de Seine-Saint-Denis
Enfin, Troussel cite Maurice Grimaud, préfet de police de Paris lors des événements de Mai 68, comme exemple : « Il avait émis des principes de maintien de l’ordre qui mériteraient à mon sens de guider aujourd’hui notre réflexion collective : « l’utilisation d’unités professionnelles, l’emploi proportionnel de la force et l’évitement de la confrontation » ».
Sur 42mag.fr, Stéphane Troussel affirme que son « département est fier d’accueillir des grands événements » en septembre et l’année prochaine. Cependant, il redoute les conséquences de possibles problèmes et ne veut pas « que s’il y ait la moindre difficulté, cela rejaillisse sur la Seine-Saint-Denis et sa population ». « Lorsqu’il y a des débordements, c’est la Seine-Saint-Denis et ses habitants qui sont stigmatisés », dit-il.
Le porte-parole du PS appelle donc à ouvrir un dialogue « sur le dimensionnement des moyens et sur la méthode qui doit être irréprochable ». Il plaide pour un « débat mené de manière constructive et apaisée », sans préciser les contours de celui-ci. Il s’adresse directement au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Stéphane Troussel déplore que ce dernier, « lors de son audition à l’Assemblée nationale » la semaine dernière, ait renvoyé tout le monde à l’ultragauche » et refuse qu’il « [nous] qualifie de terrorisme intellectuel dès qu’on veut poser le débat ».