Agnès Pannier-Runacher, chargée du Ministère de la Transition Énergétique, a souligné, ce vendredi 16 septembre, que malgré leurs prises de position publiques contre l’immigration, l’Italie et la Hongrie sollicitent de plus en plus la main d’œuvre internationale pour remédier à l’insuffisance de travailleurs dans plusieurs domaines professionnels.
En septembre de 2023, un afflux sans précédent de migrants vers l’île de Lampedusa, en Italie, a relancé des discussions portant sur l’accueil des étrangers dans les pays de l’Europe. Face à cette situation, Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a exhorté Emmanuel Macron à prendre position contre l’accueil de « un seul migrant » .
Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition Énergétique, a répliqué en dénonçant l’hypocrisie et les contradictions de l’extrême-droite européenne, laquelle s’oppose à l’immigration tout bénéficiant de la main d’œuvre apportée par les migrants. La ministre a ainsi cité les exemples de l’Italie et de la Hongrie, en déclarant sur Europe 1 le vendredi 16 septembre : « Faites remarquer que c’est Madame Meloni qui est la première à défendre la régularisation des sans-papiers. Quant à Monsieur Orban, l’allié principal de Madame Le Pen, il est celui qui régularise le plus les sans-papiers. » Mais est-ce vrai ?
Une main d’œuvre étrangère pour combler une pénurie
Si Giorgia Meloni, présidente du conseil italien, et le premier ministre hongrois Viktor Orban peuvent ne pas être à proprement parler « les premiers » à procéder à la régularisation des sans-papiers en vue de bénéficier de leur force de travail, il ne fait néanmoins aucun doute qu’ils sont en train de le faire. Aucune comparaison européenne ne vient confirmer ces chiffres, d’après franceinfo.
Cela dit, de par leur discours prononcé anti-immigration, les deux pays ont recours à une main d’œuvre extra-européenne pour pouvoir pallier à une pénurie dans certains secteurs d’activités. En France ont les connaît sous le nom de « métiers en tension ».
Plus de 122 000 travailleurs étrangers en Italie
Giorgia Meloni a signé en décembre 2022 un décret , paru dans le Journal officiel italien – le Gazzetta Ufficiale en janvier 2023, qui prévoit de donner 82 705 permis de travail à des étrangers pour l’année à venir. Ce chiffre est supérieur de 13 000 comparé à l’année précédente, quand le décret a été signé par son prédécesseur Mario Draghi.
Elle a même signé un nouveau décret en juillet 2023, augmentant le nombre de permis de travail pour les étrangers pour le porter à 122 705.
Dans un contexte ambivalent face à l’arrivée des migrants, le ministre italien de l’Agriculture, Francesco Lollobrigida, avait affirmé en février 2023 que l’Italie s’efforcerait d’accueillir environ 500 000 « migrants légaux ». Deux mois plus tard, il créa une polémique en mettant en garde contre le »remplacement ethnique » des Italiens par les migrants.
Une hausse de 14% de travailleurs étrangers en Hongrie
Même scénario en Hongrie où l’immigration sélective suit des critères très restrictifs. Parmi les travailleurs extra-européens, seuls ceux provenant principalement d’Asie et d’Amérique Latine sont accueillis, à l’exclusion du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne.
L’appel à des travailleurs extra-européens s’est banalisé en Hongrie à partir de 2020, suite à l’apparition de la Covid-19. Viktor Orban, le Premier ministre, a signé un décret en 2021 permettant aux étrangers de certains pays d’obtenir un visa de travail de deux ans en quelques semaines seulement. Cela a conduit à une augmentation de 14% du nombre de travailleurs étrangers en un an entre 2021 et 2022 (source Le Monde).
L’adoption de loi qui introduit le statut de « travailleurs invités » pour faciliter l’accès à la main d’œuvre étrangère n’offre pas pour autant de garantie quant à leurs droits.