Joe Biden, désirant renforcer l’influence américaine contre la Chine en zone pacifique, a déclaré lundi reconnaître formellement deux territoires du Pacifique comme des « entités politiques autonomes et indépendantes ».
Lundi 25 septembre, une cérémonie fastueuse s’est déroulée à Washington pour la reconnaissance officielle de deux États insulaires du Pacifique, les Îles Cook et Niué, par les États-Unis. Le président américain Joe Biden a annoncé un large éventail d’investissements, des partenariats universitaires et a souligné le rôle historique important de ces îles du Pacifique. Bien sûr, la Chine est au coeur de toutes ces initiatives.
Dans un contexte différent, on pourrait presque trouver amusant l’accueil réservé par la première puissance mondiale à ces nations lointaines. L’archipel des Îles Cook compte 17 000 habitants et à peine le dixième à Niué, souvent désigné sous le nom de rocher polynésien avec une superficie de 260 km2. Leur accueil par Joe Biden, officiellement motivé par la solidarité face à la crise climatique, est accompagné d’un geste fort. « Je veux que vous sachiez que je vous ai entendus, que les Américains vous ont entendus. Nous avons pris connaissance de vos préoccupations concernant la montée du niveau de la mer qui menace l’existence de vos peuples », a fait savoir le chef de l’état américain.
Un important fonds a été alloué hier aux Îles Cook et à Niué. L’annonce la plus frappante concerne l’initiative américaine pour les îles du Pacifique : une aide de 40 milliards de dollars. Cette somme, qui est encore en cours de discussion avec le Congrès, sera consacrée à la « connectivité numérique », c’est-à-dire à nettoyer le réseau de tous les partenaires pacifiques des États-Unis.
La « dissuasion intégrée » est mise en pratique par les États-Unis
Une intense guerre diplomatique pour le contrôle de l’Indo-Pacifique a lieu depuis de nombreuses années entre les Américains et les Chinois. L’année passée, Pékin a conclu des accords de sécurité avec les Îles Salomon et Samoa, qui se trouvent seulement à 1500km des Îles Cook. Les deux grandes puissances quadrillent la région. La Chine, officiellement pour des motifs économiques et commerciaux. Et les États-Unis, en réponse à ce qu’ils perçoivent comme la « menace chinoise », au nom de « la paix, de la prospérité et de la dignité humaine ».
La région du Pacifique est en voie de militarisation. Depuis 2017, toutes les initiatives américaines dans cette zone ont été conceptualisées par l’administration Obama. Joe Biden assure la continuité de cette nouvelle stratégie dont l’aspect militaire repose sur un nouveau concept : la « dissuasion intégrée ». Ce concept a été introduit à Singapour en 2021 par le secrétaire d’État à la défense américain Lloyd Austin. « La dissuasion intégrée, c’est l’utilisation de tous les moyens militaires et non militaires dans une seule boîte à outils. C’est l’exploitation des capacités existantes, la création de nouvelles et leur déploiement à travers de nouveaux réseaux. Le tout créant un partenariat de sécurité avec nos alliés », expliquait-il.
Ainsi, le Groupe consultatif nucléaire (le NCG) a été créé cet été, où les Sud-Coréens et les Américains mettent en place un système commun de réaction militaire en cas d’attaque, par exemple, de la Corée du Nord, alliée de la Chine, sur Séoul. La stratégie américaine en Indo-Pacifique prévoit une mise en réseau étendue avec tous ses partenaires jusqu’à Niué et aux Îles Cook. Les 40 milliards d’investissements destinés à la connectivité numérique prennent donc toute leur importance.