Les causes des frictions entre les deux nations reposeraient sur la nature des interactions entre la France et l’Algérie ainsi que sur le caractère d’Emmanuel Macron, d’après ce qu’affirme Gabriel Martinez-Gros.
Des enjeux politiques au cœur du retard de l’aide humanitaire française au Maroc suite au séisme
Gabriel Martinez-Gros, historien réputé et professeur émérite à l’Université de Nanterre, a abordé le sujet des tensions politiques associées à la situation délicate au Maroc, lors d’une émission sur Franceinfo le 11 septembre. La France avait offert son soutien au Maroc suite au récent séisme, mais plus de 48 heures plus tard, la proposition n’a pas été acceptée par le Maroc. Pendant ce temps, le Maroc a accepté l’aide du Qatar, des Émirats arabes unis, de l’Espagne et de la Grande-Bretagne pour les missions de recherche et de sauvetage. Selon Martinez-Gros, l’explication de ces tensions réside dans les relations complexes entre la France et l’Algérie. De plus, le professeur émérite estime que le caractère du président français Emmanuel Macron a également une influence.
Le Maroc a une approche indépendante et souveraine en matière de décision d’aide
Catherine Colonna, Ministre des Affaires étrangères, a rappelé que le Maroc a le droit de prendre des décisions souveraines en ce qui concerne l’acceptation ou le refus d’aide. Dans le même ordre d’idées, Nadia Hai, députée du mouvement Renaissance, a souligné qu’il ne faut pas y voir de raisons politiques. Gabriel Martinez-Gros, cependant, ne partage pas cette opinion. Il considère que la situation actuelle met en lumière les considérations politiques profondément enracinées entre ces nations. Il fait remarquer que l’Algérie, qui est rarement mentionnée en raison de la gravité de la situation actuelle due au séisme, est un troisième acteur clé dans ces relations triangulaires avec la France et le Maroc. Ces deux dernières, anciennes colonies françaises, ont vécu des processus de décolonisation très différents et ont, dans l’ensemble, des relations conflictuelles, la France se trouvant au milieu sans pouvoir choisir clairement un camp.
Reconnaissance du Sahara occidental et tension entre la France et le Maroc
Les pays qui soutiennent actuellement le Maroc, note Martinez-Gros, admettent tous que le Sahara occidental, au cœur d’un conflit diplomatique entre l’Algérie et le Maroc, appartient à ce dernier. De même, ces pays encouragent l’ensemble du monde islamique à normaliser leurs relations avec Israël. Il existe également des tensions entre la France et le Maroc au sujet de la délivrance des visas. La France a décidé de réduire de 50% le nombre de visas attribués au Maroc dans le but de faire pression sur le royaume pour sa coopération insuffisante dans l’accueil des citoyens marocains expulsés de France. Pour Martinez-Gros, le Maroc exige en général un traitement de faveur de la part de la France, argumentant que la France est plus favorable à l’Algérie malgré le soutien que le Maroc a offert à la France dans les instances internationales et durant différentes crises.
Le rôle d’Emmanuel Macron dans les relations franco-marocaines
Le professeur émérite estime que le président français Emmanuel Macron, avec son manque de chaleur et son approche distante, n’est pas bien perçu par le roi du Maroc, ce qui affecte les relations entre les deux pays. Emmanuel Macron, contrairement à son prédécesseur, Jacques Chirac, qui était très populaire et chaleureux, a du mal à maintenir un tel niveau de proximité et de chaleur avec les nations africaines. Cette différence d’approche pourrait jouer un rôle dans l’affaiblissement des relations traditionnellement solides entre la France et son ancienne colonie, le Maroc.