Dimanche, le spectre politique de l’extrême droite a été réactivé, avec le Rassemblement national dirigé par Marine Le Pen d’un côté, et de l’autre, Reconquête, avec Marion Maréchal associée à Éric Zemmour. Ces deux adversaires politiques ont exprimé leurs points de vue avec quelques heures de décalage.
Le dimanche 10 septembre était marqué par le remue-ménage inhabituel de la famille politique de l’extrême droite, une entité aujourd’hui dispersée. L’occasion a également donné lieu à une confrontation indirecte, bien que discrète. Dans son fief électoral d’Hénin-Beaumont, Marine Le Pen faisait la publicité de la liste du Rassemblement National (RN) pour les élections européennes, menée par Jordan Bardella. Ce faisant, elle n’a pas fait référence à la liste rivale de Reconquête, dirigée par sa nièce, Marion Maréchal. De son côté, cette dernière, réunie dans le sud pour l’université d’été de son groupe politique, a également omis de mentionner sa tante.
En ce début de saison politique, les deux plans concurrents sont inchangés. Marion Maréchal espère tirer profit des ruines du parti des Républicains pour booster sa liste au-delà du score de 7% obtenu par Éric Zemmour lors de l’élection présidentielle. Marine Le Pen, quant à elle, estime que plus elle est discrète, plus elle gagne du terrain dans l’opinion publique, après deux mois de silence radio. Elle se positionne comme une candidate naturelle à l’élection présidentielle de 2027, ce qui serait sa quatrième tentative. Au Rassemblement National, l’ordre du jour pour cette rentrée est de rester discret : éviter les vagues et les gestes audacieux.
Marine Le Pen s’en prend au président
Dans son discours de dimanche, Marine Le Pen a orienté ses critiques vers le président Emmanuel Macron, en utilisant des termes évocateurs. Elle se réfère au « déclassment » du pays, à « l’effondrement » de la nation. Elle utilise un langage expressif pour souligner le fardeau de l’inflation sur les plus démunis. Comme lors de la campagne présidentielle, elle se positionne comme le porte-voix des craintes des Français concernant le pouvoir d’achat, recourant à des slogans, mais sans proposer de nouvelles mesures. En réalité, le plus révélateur n’est pas ce que Marine Le Pen a déclaré dimanche, mais ce sur quoi elle est restée silencieuse. Par exemple, elle n’a pas mentionné l’environnement après un été particulièrement chaud, alors que le réchauffement climatique continue d’augmenter. C’est une omission notable pour quelqu’un qui aspire à l’Élysée.
Marion Maréchal n’a également pas été mentionnée dans son discours. L’ignorer pour éviter de lui donner une importance est une tactique familière. Pourtant, ce rival potentiel inquiète Marine Le Pen. Les électeurs populaires ont tendance à être moins mobilisés pour les élections européennes. Si Marion Maréchal réussit à attirer un public plus bourgeois, elle pourrait priver le RN de la première place qu’il avait décrochée lors des scrutins de 2019 et 2014.