André Laignel, qui est le vice-président de l’Association des maires de France (AMF), a exprimé sa réaction vendredi concernant l’éventualité que les entités territoriales contribuent à l’effort de diminution du déficit de l’État.
« Les collectivités locales n’ont pas à compenser une gestion déplorable »
Le 29 mars, sur 42mag.fr, André Laignel, vice-président de l’Association des maires de France (AMF) a annoncé que les collectivités territoriales ne devraient pas être les victimes de la mauvaise gestion budgétaire. Le gouvernement est en effet en quête de 10 milliards d’euros d’économies pour réduire le déficit public français. Face à ces enjeux, Gabriel Attal, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale, a déclaré le jeudi précédent au Sénat que « Nous sommes tous dans le même bateau ».
Laignel, également maire d’Issoudun (Indre), a réagi en affirmant que l’appauvrissement des collectivités locales ne résoudra pas les problèmes financiers de la France. « Il est illogique que les entités locales, qui gèrent mieux leurs budgets, deviennent le moyen d’ajuster les mauvaises décisions de l’État », a-t-il précisé. En outre, il indique que si le budget des collectivités locales est réduit, 70% des investissements publics civils du pays, effectués par ces collectivités, seraient compromis. « Au lieu de contribuer à la régression, nous pourrions être un levier pour l’économie nationale », a-t-il affirmé.
« Nous sommes le bouclier social sur le terrain »
Laignel avertit le gouvernement sur l’importance des collectivités territoriales. « Elles constituent une protection sociale et un amortisseur sur le terrain, et sont essentielles pour maintenir la paix civile. Leur affaiblissement serait une erreur monumentale », soutient-il.
François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a, quant à lui, appelé à un effort conjoint de l’État et des collectivités locales lors d’une allocution à l’université Paris-Dauphine. Pourtant, Laignel insiste sur le fait que, contrairement à l’État, les collectivités sont contraintes de voter des budgets équilibrés. Il rappelle que de 2014 à 2024, elles ont contribué à hauteur de plus de 70 milliards d’euros. « Il devrait incomber à l’État de trouver des solutions à sa propre imprévoyance », estime-t-il.
« En 2022, nous aurons réalisé 4,8 milliards d’euros d’excédent »
Laignel s’inquiète grandement de la prévision de l’Insee qui annonce un déficit pour les collectivités territoriales en 2023, une situation qui ne s’est pas produite depuis longtemps. « En 2022, nous avons généré un excédent de 4,8 milliards d’euros. Au lieu de tirer l’économie vers le bas avec du déficit, nous avons aidé la France », affirme-t-il.
Laignel reproche au gouvernement un manque de franchise concernant le budget. Il est convaincu que le ministère de l’Économie et des Finances était au courant des problèmes budgétaires majeurs de l’État dès décembre. Après un vote en utilisant l’article 49.3 de la Constitution, « on nous annonce qu’on nous retire déjà 10 milliards. Ce n’est pas responsable, c’est de la mauvaise gestion », conclut-il.