Dans le cas où la Commission européenne s’avérerait incapable d’agir, Jean-Noël Barrot souhaite qu’elle permette aux États membres de retrouver leurs propres moyens de protection.
« Si la Commission européenne est incapable de nous défendre face à ces ingérences ou menaces d’ingérence, alors elle doit restituer aux États membres, notamment la France, la possibilité de se défendre elle-même », a exprimé mercredi 8 janvier sur France Inter le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot.
Sur le réseau X, le milliardaire Elon Musk, qui soutient fortement le président élu des États-Unis, Donald Trump, a récemment attaqué plusieurs dirigeants européens, y compris le social-démocrate Olaf Scholz, qui fait face à une élection législative partielle complexe, et le travailliste britannique Keir Starmer. Il a même apporté son soutien à l’AfD, un parti d’extrême droite en Allemagne. « Quand on est au gouvernement ou qu’on souhaite y entrer, ses opinions comptent particulièrement », a noté le ministre français des Affaires étrangères.
« Soit Elon Musk s’engage dans le débat public lors de certaines élections en Europe seulement pour faire sensation, et cela est fort regrettable, soit il le fait en nouant consciemment de nouvelles alliances avec des partis ultra-conservateurs comme l’AfD en Allemagne. »
Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangèressur France Inter
Dans ce contexte, « le Parti républicain américain devrait alors admettre s’associer avec un parti qui incarne tout ce que historiquement, le Parti républicain a toujours rejeté », a-t-il clarifié.
Le chef de la diplomatie française a déclaré qu’il « ne craint pas » une immixtion d’Elon Musk dans les futurs scrutins électoraux français. En 2022, durant la présidence française de l’Union européenne, « nous avons dit un non catégorique à l’idée que le débat public puisse être transféré de manière incontrôlée sur de grandes plateformes détenues par des milliardaires américains ou chinois », a-t-il affirmé.
« J’ai à plusieurs reprises exhorté la Commission européenne à utiliser de manière beaucoup plus déterminée les outils que nous lui avons attribués démocratiquement pour freiner ces comportements », a-t-il assuré. À l’échelle de l’UE, la Commission européenne assume le rôle de régulateur numérique, en accord avec le règlement sur les services numériques (DSA), que l’homme d’affaires américain propriétaire du réseau X a décrit comme un outil de censure. Une enquête en vertu du DSA a été lancée en décembre 2023, concernant notamment la propagation de fausses informations.