Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon se sont de nouveau affrontés, après qu’une rencontre à Bercy s’est tenue sans la participation des représentants insoumis, alors même que les autres composantes du Nouveau Front populaire étaient présentes.
Suite à la rencontre des forces de gauche au ministère de l’Économie, une tension inhabituelle s’installe au sein du Nouveau Front populaire. Les socialistes, communistes et écologistes ont échangé le mercredi 8 janvier avec le ministre Eric Lombard, mais les insoumis ont été laissés de côté. Cet entretien rare, qui n’a cependant débouché sur rien de concret, provoque la colère de Jean-Luc Mélenchon.
« Négocier dans le dos du Nouveau Front populaire et à l’encontre de son programme constitue une trahison d’une insigne irrespect pour notre coalition », a publié mercredi Jean-Luc Mélenchon sur X. Le leader des insoumis dépeint ses partenaires comme étant « ridicules de servilité ». Olivier Faure a répondu dès le jeudi matin sur TF1 : « La gauche du ‘tout ou rien’ est devenue celle du ‘rien’. Mon objectif est d’obtenir des victoires, de provoquer un changement dans la politique poursuivie ces sept dernières années. »
Le chef du Parti socialiste reproche à Jean-Luc Mélenchon d’être celui qui fragilise le NFP par sa posture. « Ce n’est pas moi qui brise l’alliance, c’est Jean-Luc Mélenchon, à cause de son intransigeance et de sa focalisation sur la présidentielle… D’ailleurs, je pense qu’on pourrait avoir une élection présidentielle demain, si le président démissionnait dans 35 jours. Mélenchon est-il certain de vaincre ? Ne serait-ce pas Marine Le Pen qui pourrait l’emporter ? »
Deux visions différentes s’affrontent
« Pourquoi dissimuler ses volte-face avec des excès et des mensonges ? », questionne le leader de LFI, Manuel Bompard, sur son compte X. L’insoumis Paul Vannier indique que « le NFP a battu Macron aux élections. Six mois plus tard, le PS accorde la victoire à Macron ». Cette confrontation n’est pas nouvelle au sein de l’opposition de gauche. Depuis cet été, deux approches s’opposent au sein du NFP. Celle des insoumis repose sur la fidélité au programme et la volonté de faire chuter le gouvernement, sans compromis, « éviter de se contenter de petits gains et rompre avec ces alliés », comme le souligne un député insoumis.
La position du Parti socialiste, au contraire, est plus ouverte au dialogue et à la négociation, ce qui a trouvé l’approbation des Verts et des communistes mercredi, éloignant ainsi ces derniers de LFI. « En cherchant le compromis, ils aident Emmanuel Macron à diviser le Nouveau Front populaire et à gagner du temps », d’après un élu LFI.
François Bayrou, satisfait de la discorde
La ligne dure des insoumis provoque de l’irritation au sein du NFP. Un responsable du PCF leur reproche d’utiliser les divergences politiques comme prétexte pour imposer leur objectif : organiser une élection présidentielle anticipée avec Jean-Luc Mélenchon comme candidat unique de la gauche. Selon lui, c’est la raison pour laquelle les insoumis refusent de dialoguer avec le nouveau gouvernement.
Et qui tire avantage de cette fissure au sein du Nouveau Front populaire ? Le Premier ministre François Bayrou, à seulement cinq jours de son discours de politique générale à l’Assemblée, anticipant une motion de censure de la part des insoumis. Ces derniers pourraient bien être les seuls à soutenir cette motion si les socialistes, communistes et écologistes parviennent à un accord avec le gouvernement.