Louis Aliot reconnaît la perspicacité de Jean-Marie Le Pen, bien qu’il critique « ses provocations inutiles ». Selon le maire de Perpignan, membre du Rassemblement National, « personne n’a voulu entendre ses avertissements à l’époque et aujourd’hui, nous en subissons directement les conséquences ».
« La provocation faisait partie intégrante de sa personnalité », mais malgré cela, « il faut apprécier sa lucidité, son engagement, et le courage de ses prises de position », a déclaré mercredi 8 janvier sur « ici Roussillon » le maire de Perpignan, Louis Aliot, membre du Rassemblement National, à propos de la mort de Jean-Marie Le Pen, décédé la veille.
Jean-Marie Le Pen, fondateur historique du Front national, est décédé mardi à l’âge de 96 ans. C’est lui qui avait encouragé Louis Aliot à briguer la mairie de Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales. Le maire, également vice-président du RN, était en vol de retour depuis Mayotte aux côtés de Marine Le Pen quand il a appris la nouvelle du décès de Le Pen. Il se dit « fidèle à sa mémoire » bien qu’il ait souvent été en désaccord avec ses provocations qu’il jugeait inutiles.
Pour Louis Aliot, « c’est comme un livre d’histoire qui se ferme », marquant la fin d’une « génération qui a été témoin de nombreux conflits, allant de la Seconde Guerre mondiale à l’Indochine et l’Algérie, ces générations qui constituent le patrimoine historique et politique de la fin des IIIe, IVe, et Ve Républiques. On peut affirmer que nous avons changé d’époque, que nous sommes dans une nouvelle ère ».
« C’est le dernier grand personnage qui s’éteint, et aujourd’hui, la politique n’a plus le même goût qu’auparavant. »
Louis Aliot, maire de Perpignansur « Ici Roussillon »
Louis Aliot rend hommage au « Front national et à Jean-Marie Le Pen » qu’il considère comme « des vigiles, des éclaireurs indiquant ce qui allait arriver. Aujourd’hui, j’observe tous ceux qui s’insurgent, mais les conséquences des politiques menées – par la droite et la gauche pendant cinq ans – ont contribué à affaiblir la France, son économie, sa campagne, son agriculture […] Il faut reconnaître, malgré le passé du personnage, sa clairvoyance, son engagement et le courage de ses déclarations. On a refusé de l’écouter, et aujourd’hui, nous payons le prix », affirme Louis Aliot.
« Un homme épris de liberté »
Il met en avant « l’engagement de sa figure, qui avait quitté son poste de député pour combattre en Algérie, ainsi que ses idées politiques ». Toutefois, « il tenait des discours totalement choquants qui, effectivement, nuisaient au combat mené par tous les militants. Cela faisait partie du personnage. » Mais pour lui, le droit d’inventaire « a été effectué du vivant de Jean-Marie Le Pen, notamment avec Marine Le Pen, par la création du Rassemblement National, c’est cela ».
Jean-Marie Le Pen était « un homme qui aspirait à la liberté, conclut Louis Aliot, et je pense qu’il ne réalisait pas toujours à quel point cette liberté pouvait desservir la défense des véritables idées qu’il aurait fallu préserver. C’est ce que j’ai, en tout cas, essayé de faire avec Marine Le Pen pour transformer le Front national en parti de gouvernement et le sortir de la caricature ».