Mardi, Michel Barnier a exprimé son avis sur TF1 en soulignant que la situation budgétaire actuelle était « très préoccupante ». Il a averti que si son gouvernement venait à être censuré, cela pourrait entraîner d’importantes perturbations sur les marchés financiers.
Pour se libérer de la pression de la motion de censure, Michel Barnier se tourne vers l’opinion publique afin de gagner du soutien. Il utilise ce qui lui reste comme stratégie : mobiliser « les Français » face au « microcosme parisien. » Le chef du gouvernement se positionne fermement avec ces citoyens, affirmant qu’ils désirent « stabilité » et « action » plutôt que les débats interminables des partis politiques qui, selon lui, se comportent en apprentis sorciers. Barnier s’adresse en réalité à cette majorité silencieuse qui aspirerait à l’ordre et qui penche plutôt à droite. Il essaie de mettre en opposition cette majorité avec les groupes politiques au Parlement qui souhaitent le faire chuter, ce qu’il présente comme allant à l’encontre du bien commun du pays.
Il cible implicitement Marine Le Pen sans jamais la nommer directement. Le Premier ministre essaie de la mettre en difficulté vis-à-vis de son propre électorat. Il veut créer un fossé non seulement avec sa base, mais surtout avec ces électeurs de droite qui lui manquent pour pouvoir prétendre au pouvoir. Pour les attirer, la responsable de l’extrême droite se présente sous une apparence rassurante, cherche à se donner une image de respectabilité et demande à ses députés à l’Assemblée d’adopter un comportement exemplaire depuis deux ans et demi.
Des initiatives retardées
En brandissant la menace d’un blocage, voire du chaos politique si son gouvernement devait chuter, Michel Barnier assimile Marine Le Pen au camp des fauteurs de trouble. Ceux-ci donneraient la priorité à leurs intérêts partisans plutôt qu’aux besoins des citoyens, comme ces agriculteurs de nouveau en colère et en quête de mesures immédiates qui devront patienter encore plus longtemps si son gouvernement tombe. Ou encore ces électeurs qui attendent une nouvelle loi contre « l’immigration illégale » promise par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Cependant, cette stratégie pourrait échouer. Pour éviter que le Rassemblement National ne vote la censure, Michel Barnier se voit contraint de leur faire des compromis significatifs. Lors de son passage au journal de 20 heures sur TF1 le mardi 26 novembre, il s’est contenté de relancer le chantier de la réforme proportionnelle, en promettant un débat seulement au printemps après une consultation menée par le politologue Pascal Perrineau. À part cela, son programme semblait vide. Michel Barnier ne fait pas figure de père Noël. Il tente d’imputer à Marine Le Pen le coût potentiel de la censure. De plus, il a rappelé les énormes difficultés auxquelles il était confronté dès sa nomination : une « dette incroyable », un « déficit record », l’absence de majorité, et seulement 15 jours pour finaliser le budget. Sa tâche paraissait déjà presque insurmontable. Elle est devenue un véritable sacrifice.