Suite au rapatriement forcé d’un influenceur algérien, le ministre de l’Intérieur a exprimé sa consternation en parlant d’une « humiliation » pour l’Algérie, ce qui pourrait aggraver encore davantage les liens déjà fragiles entre la France et l’Algérie.
Bruno Retailleau s’engage dans une confrontation diplomatique avec l’Algérie. « Il est clair que l’Algérie cherche à rabaisser la France », a affirmé le ministre de l’Intérieur, ce vendredi 10 janvier, suite à la décision d’Alger de ne pas accueillir sur son territoire un influenceur algérien. Cet individu, expulsé par la France, a été renvoyé par l’Algérie le jeudi soir. Bruno Retailleau cherche actuellement à identifier des méthodes pour exercer une pression sur la nation nord-africaine. Plusieurs pistes sont considérées : la question des visas, les droits de douane et l’aide internationale au développement.
1 Quelles sont les stratégies pour ajuster le nombre de visas ou de laissez-passer consulaires ?
Bruno Retailleau souligne une disparité notable entre le nombre de visas attribués par la France à des citoyens algériens et le nombre de laissez-passer consulaires délivrés par l’Algérie pour permettre le retour de ses ressortissants expulsés de France. En 2023, la France a délivré 200 000 visas à des Algériens, tandis que l’Algérie n’a approuvé que 470 laissez-passer consulaires. Moins de 20 % des requêtes émises par la France ont obtenu une réponse favorable.
Il est néanmoins important de noter que les visas et les laissez-passer consulaires sont depuis plusieurs années des outils diplomatiques de négociation entre les deux pays. En conséquence, le nombre total de ces documents a connu une réduction au fil du temps.
2 Peut-on modifier les droits de douane en faveur de l’Algérie ?
Non, sauf si la France parvient à persuader l’ensemble de l’Union européenne. Les droits de douane avec l’Algérie sont établis par l’UE et bénéficient de tarifs préférentiels. Ces droits sont réduits de 40 à 100 % pour certains produits agricoles en provenance d’Algérie.
3 L’aide de la France au développement de l’Algérie est-elle véritablement substantielle ?
Oui, mais de façon nuancée. L’aide publique au développement est un sujet délicat. Les rapports parlementaires indiquent que la France a versé 132 millions d’euros en tant qu’aide au développement à l’Algérie en 2022, accumulant près de 600 millions d’euros sur cinq ans.
Cependant, cette somme est souvent mal interprétée. Une grande partie de ces fonds ne transitent pas dans les comptes algériens. Une portion importante est constituée de frais d’écolage, représentant les montants que la France verse à ses universités et écoles pour accueillir les étudiants algériens sur son territoire. Le reste soutient, par exemple, les opérations d’ONG françaises en Algérie. Il convient également de préciser qu’il s’agit fréquemment de prêts, plutôt que de dons directs destinés à l’Algérie.