Un nouveau sondage montre un soutien accru et quatre personnes interrogées sur cinq disent croire que les grèves se poursuivront tout au long du mois de février
Le soutien public aux grèves actuelles contre la réforme des retraites est élevé et a augmenté depuis le premier jour d’action le 19 janvier, selon un nouveau sondage.
Le sondage, commandé pour Le Figaro*, montre que 71% des personnes interrogées soutiennent l’action de grève en cours, plus que les 66% qui ont soutenu l’action le premier jour des manifestations selon un sondage similaire pour Le Figaro le 20 janvier.
Il montre également que 17% des personnes non seulement soutiennent la grève, mais prévoient également de se joindre aux manifestations à venir.
Le projet de loi controversé du gouvernement sur la réforme des retraites – dont un aspect clé est de faire passer l’âge de la retraite de 62 à 64 ans – a été examiné de près par tous les partis politiques en France, les partis de gauche et d’extrême droite au parlement ayant dénoncé le projet de loi.
Des secteurs publics clés, notamment les chemins de fer, l’énergie, l’aviation et l’éducation, ont fortement soutenu les grèves, en étant le fer de lance des deux dernières manifestations (les 19 et 31 janvier).
Les grèves devraient se poursuivre jusqu’en février, avec de nouvelles grèves et manifestations nationales prévues les 7 et 11 février.
Les grèves ont jusqu’à présent été organisées par un comité intersyndical qui comprend tous les principaux syndicats français, augmentant à la fois l’élan et la participation aux manifestations.
Cependant, la grève à venir le 11 février n’inclura peut-être pas les cheminots, les syndicats des chemins de fer appelant à participer aux manifestations nationales mais pas à la grève.
Cela permet en partie d’éviter les perturbations le week-end avant le début des vacances scolaires d’hiver pour certaines régions de France (zone B).
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La manifestation du 31 janvier a été la plus importante en France depuis au moins 1995, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.
Le sondage montre également que la population française n’est pas optimiste quant à la fin prochaine de la grève, 80 % pensant que la grève se poursuivra tout au long du mois de février et 39 % pensant qu’elle durera encore plus longtemps.
L’action intersyndicale devrait se poursuivre, les grands syndicats comme la CGT et la CFDT faisant des compromis sur la stratégie de la vague de grèves en cours.
La CGT, par exemple, sanctionne rarement les grèves et les manifestations le week-end, mais soutient le mouvement du samedi 11 février en déclarant qu’il permettra aux travailleurs du secteur privé qui ne peuvent pas se joindre à l’action en semaine de se joindre aux manifestations nationales.
Pourquoi un tel soutien et pourquoi est-il en croissance ?
Les raisons de ce soutien généralisé sont nombreuses, mais le principal facteur est la protection du système de retraite actuel et en particulier l’âge actuel de la retraite de 62 ans.
Cela se combine avec une volonté générale de protéger l’État-providence français, dont beaucoup ont le sentiment qu’il est rogné.
Il y a des arguments selon lesquels le déficit attendu du pot de retraite – causé par la durée de vie et l’espérance de vie plus longues des Français, que vous pouvez voir sur une base départementale via notre carte interactive – ne sera pas aussi grave que prévu, ou peut être couverts par des financements alternatifs, certains soutenant une taxe sur les super riches.
La réforme porte également à 43 ans au lieu de 41,5 le nombre d’années nécessaires pour travailler en France pour bénéficier d’une retraite à taux plein, ce qui pourrait affecter négativement ceux qui étudient plus longtemps ou sont interrompus.
Un grand nombre de jeunes soutiennent les grèves car ils pensent que cela pourrait être le premier d’un certain nombre de changements qui éloignent de plus en plus la retraite.
De nombreux commentateurs disent que l’entêtement du gouvernement sur la réforme contribue à l’augmentation du soutien à l’action.
La Première ministre française Élisabeth Borne est restée ferme et a déclaré que le gouvernement refuserait de négocier certains aspects du projet de loi, notamment l’augmentation de l’âge de la retraite à 64 ans.
Cela a provoqué des réactions négatives, car les syndicats ont déclaré qu’ils seraient prêts à s’asseoir à la table des négociations et à arrêter les grèves si le gouvernement n’était pas aussi catégorique sur ces points.
La réforme a un certain soutien
Certains soutiennent toutefois la réforme du gouvernement, affirmant la nécessité d’aligner le système français sur les autres pays européens.
Ils disent que cela doit être fait pour aider la France à faire face à l’augmentation de la dette nationale et à une disparité à venir entre ceux qui cotisent et ceux qui en retirent le pot de retraite.
L’ancien président Nicolas Sarkozy et l’ancien Premier ministre Édouard Philippe se sont tous deux prononcés en faveur de la réforme de Macron, affirmant qu’il était nécessaire pour la France de moderniser son système de retraite.
Le débat sur la réforme des retraites existe depuis des générations en France, depuis que le président Mitterrand a abaissé l’âge de la retraite à 60 ans en 1983.
Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, a fait des remarques presque identiques au gouvernement actuel, montrant que cela a été une bataille prolongée dans le système français.
« Quand vous avez de moins en moins de gens qui paient et de plus en plus de gens qui reçoivent… Alors il y aura un problème », dit-il dans cette vidéo ci-dessous, tirée d’une interview de 2003.
[Archive] En 2003, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin défendait sa réforme des retraites. Argumentaire quasi identique à celui du gouvernement actuel. pic.twitter.com/bWQEJRzDl1
— Jules Pecnard (@JulesPec) 15 janvier 2023
*L’étude a été menée par Odoxa-Backbone Consulting auprès de 1 005 Français de plus de 18 ans. Réalisée les 1er et 2 février sur internet